Pour décrire la montée du stress, j'ai coutume de recourir à l'image du lait sur le feu.
C'est probablement arrivé à tout le monde : un moment d'inattention et le lait monte et "se sauve" comme disait ma grand mère.
La pleine conscience se révèle utile pour lutter contre le stress car :
elle nous permet d'identifier nos stresseurs et leurs effets dans le corps, les émotions et les pensées
en cultivant la présence attentive, nous détectons de ce fait plus rapidement la montée du stress, et ce avant qu'il n'ait atteint une intensité qui le rend incontrôlable.
C'est le moment, très bref, où le lait commence à frémir et à monter vers le bord de la casserole. Il est alors temps d'éteindre le feu ou de retirer la casserole en employant une des micropratiques enseignées en séance : STOP, RAIN, ou le mot-contact.
Il arrive toutefois que le stress nous prenne de vitesse et qu'en dépit de notre pratique, le lait déborde quand même.
Tout est il alors perdu? je vais l'écrire en gros et gras :
NON !!!
A l'instant où le stress semble avoir réussi son cadrage-débordement (oui, je suis aussi amateur de rugby!), il est d'abord capital de ne pas se juger. Il serait inutile d'ajouter au stress en cours un sentiment d'échec ou de culpabilité qui n'a pas lieu d'être. Il arrive à tout le monde, même avec beaucoup de pratique, d'être débordé par une situation stressante.
Alors que faire? Tout simplement être présent. Rester au contact des sensations dans le corps, des émotions qui émergent et se déploient et des pensées qui traversent l'esprit. Et se dire que cela, comme le reste, passera.
Il s'agit donc d'éviter tout rejet de ce qui est déjà là : colère, angoisse ou toute autre émotion perturbatrice. D'une manière assez contre-intuitive, il faut au contraire reconnaître et accepter ce qui est, puis seulement se poser la question "et maintenant, que faire de tout ça?"
Vous crisper, refuser la situation ne pourra que mobiliser votre énergie en pure perte. Une autre image qui me vient à l'esprit est celle des baïnes, ces courants qui peuvent vous entraîner sur les plages de la côte Atlantique. Si vous êtes pris, les consignes affichées au bord de l'eau expliquent clairement qu'il est trop tard pour lutter, vous vos épuiserez pour rien. La seule solution est de se laisser porter jusqu'à arriver au bord du courant pour en sortir alors sans effort. Cela pourra prendre du temps, vous pourrez vous retrouver loin de votre point de départ, mais là aussi, comme le reste, tout cela passera.
Si je prends l'exemple de la colère, vous pouvez par exemple constater l'énorme mobilisation d'énergie en vous. Que faire? Se laisser aller à décharger cette énergie de manière agressive sur votre entourage (ou vous-même) en rajoutant par-dessus un supplément dû à la culpabilité de céder à la facilité? La méditation vous aura permis de constater à quel point c'est nuisible et vous savez que ce n'est pas ce que vous voulez. La seule possibilité est de rester au contact de cette énergie de colère, de l'observer, d'apprécier son intensité sans l'employer dans quoi que ce soit. Passée cette étape, vous aurez déjà pris un légère distance qui vous permettra de lui trouver un usage plus pertinent dans la résolution de la situation.
Ainsi, même si le lait déborde, il y a toujours une possibilité de limiter les dégâts en reprenant la main sans refuser ce qui vient d'arriver. Ce n'est en effet pas en laissant brûler le reste de lait dans la casserole et en laissant ce qui a déjà débordé sécher sur le plan de cuisson qu'on résoudra le problème. Plus vite vous cultiverez la présence à ce qui est, plus vite vous reprendrez la main sur la situation.
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