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Je suis

  • Photo du rédacteur: Richard
    Richard
  • il y a 6 jours
  • 3 min de lecture

Le sentiment d'être, "je suis", est l'élément central de notre expérience.


Il est en filigrane de nos perceptions sensorielles, de nos pensées, de nos émotions. Il est ce par quoi nous nous définissons : notre identité, notre profession, notre statut social ou familial, notre personnalité ...


Cependant, il s'agit de multiples étiquettes que nous (ou les autres) nous collons dessus, mais est-ce là ce que nous sommes vraiment?


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J'ai parfois le sentiment très vif que nous sommes tous dans une jeu du "qui suis-je?" géant, avec une multitude d'étiquettes sur le front dont nous n'avons pas toujours conscience, et tentant de deviner qui nous sommes en réalité. Et cela ne date pas d'hier.


Très jeune, aux alentours de l'âge de quatre ans, je me suis posé cette question : "quelle est cette voix qui dit 'je' dans ma tête?"


En grandissant, j'ai cessé de me la poser, entré dans le tourbillon de la vie : école, études, travail, famille... Le tumulte de la vie sociale a tôt fait de recouvrir ce questionnement intime qui n'est alors plus qu'un souvenir ressurgissant de temps à autre, quand vous avez ou plutôt prenez le temps de vous poser.


Mais chassez un questionnement aussi fondamental et il finira par revenir en empruntant tous les détours possibles, jusqu'à ce que vous trouviez un chemin qui vous y ramène directement, en l'occurrence la méditation, puis le yoga.


C'est comme un mince ruisseau disparu sous terre depuis longtemps et dont la résurgence, gonflée de toute l'eau accumulée, vous surprend par sa force, indomptable.


J'ai donc emprunté le chemin de la pleine conscience et celui du yoga avec énergie et persévérance. Et bien sûr, des prises de conscience ont récompensé ça et là mon assiduité pendant une méditation assise ou à l'issue d'une séance de yoga particulièrement pleine. Mais elles n'étaient que partielles, éclairant un aspect de moi-même parmi d'autres. De plus, elles s'exprimaient en mots, d'une manière analytique en quelque sorte, sans cette sensation d'adhésion profonde et ineffable qui signe la véritable intégration d'une connaissance, et non l'accumulation d'une compétence supplémentaire.


Comme le savent les participants à mes cycles MBSR, ateliers ou séances de pratique, je suis un fervent promoteur de la pratique informelle, c'est à dire apporter de la présence dans le quotidien, même dans les activités les plus prosaïques : se brosser les dents, marcher, éplucher les légumes, etc.


Et c'est dans ces circonstances, sans chercher ni vouloir quoi que ce soit que surgissent le plus radicales prises de conscience. Celles qui vous "foudroient", vous "frappent", celles que l'on ressent jusqu'au fond des tripes, sans mots, celles qui se vivent et vous font sentir vivant, laissant fugitivement mais indiscutablement et intégralement ressurgir ce fameux "je" qui est là et a toujours été là, témoin tranquille de toutes vos expériences.


Bref, de ces expériences qui pourraient faire dire, comme Sartre dans "La nausée"


Et puis j'ai eu cette illumination. Ça m'a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire "exister".

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La dernière fois que j'ai éprouvé cette présence pure, c'était pendant une balade solitaire au bord de l'eau. Je marchais et cela m'a soudain enveloppé avec le vent :


Je suis la brise dans les arbres qui caresse mon visage

Je suis les rides sur l'eau de l'étang et le canard qui y glisse sans effort

Je suis le murmure du vent et les feuilles mortes qui tombent sur mon épaule

Je suis le ciel de perles grises et la goutte de pluie qui tombe sur la larme dans mon œil


J'ai goûté à cela

Je suis cela

Tout cela


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