A l'appui de mon dernier post sur la pleine présence en vacances, je vous propose ici les premières lignes du splendide essai Noces d'Albert Camus.
Comment exprimer avec plus de justesse et de lyrisme l'explosion des sens ? Couleurs, sons, parfums, tout cela vibrant, si vibrant! A chaque fois que je lis ce texte, Tipasa jaillit du livre et m'enivre...
Je vous souhaite des balades méditatives tout aussi riches de vie !
"Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent
dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le
ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons
dans les amas de pierres. À certaines heures, la campagne est
noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que
des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils.
L'odeur volumineuse des plantes aromatiques racle la gorge et
suffoque dans la chaleur énorme. À peine, au fond du paysage,
puis-je voir la masse noire du Chenoua qui prend racine dans les collines
autour du village, et s'ébranle d'un rythme sûr et pesant pour aller s'accroupir
dans la mer."
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