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Méditation et idées reçues (3 - la colère)

Dernière mise à jour : 17 mars 2022

Autre lieu commun concernant la méditation : elle permettrait une parfaite égalité d'humeur, et en particulier garantirait l'éradication de la colère.


Si l'équanimité est effectivement l'une des quatre ressources inépuisables dans laquelle peut puiser un méditant, il ne faut tout de même pas rêver. Nous sommes humains, et en fonction de notre histoire, il y aura toujours des stimuli qui nous font partir comme des fusées avant d'avoir eu le temps de dire ouf.


Voici un très beau conte Zen pour illustrer ceci.


Il était une fois un homme si détaché des choses de ce monde que rien ne semblait pouvoir l’atteindre. Ses voisins pouvaient rire de lui, les marchands malhonnêtes le spolier, sa femme le tromper, rien n’ébranlait son calme. Ses propres fils finirent par lui dire à quel point ils avaient honte de cette situation.

Alors il partit dans un monastère Zen sur une montagne voisine. Là, il méditait toute la journée, en contemplation devant la Nature et entretenant avec soin le jardin de sable et de pierre du temple.




Il devint encore plus détaché des choses de ce monde, à tel point que certains disaient qu’il devenait progressivement transparent. Sa réputation grandit dans toute la région et même au-delà. C’est ainsi que le roi des démons lui-même entendit parler de ce moine si proche d’atteindre le nirvana (en sanscrit : l’extinction, sous-entendu de l’égo).

Il en fut fort fâché, car c’était une âme qu’il ne pourrait plus jamais espérer avoir sous sa coupe.

Alors il envoya auprès du moine trois de ses démons les plus puissants et les plus pervers pour tenter de le corrompre.

Les trois démons essayèrent tout ce qui était en leur pouvoir.

Ils essayèrent de l’effrayer, faisant des bruits épouvantables, apparaissant sous des masques horribles ou prenant la forme des monstres les plus terribles. Le moine restait assis, immobile.

Ils essayèrent de le tenter, faisant apparaître les fruits les plus délicieux, les soieries et les pierres précieuses les plus magnifiques, les femmes les plus séduisantes. Le moine restait impassible.

Ils essayèrent absolument tout, sans succès. S’étant approché un peu trop du moine, l’un des démons tomba même dans une profonde méditation !

Et puis un jour, le vent se leva alors que le moine était en méditation et les trois démons désespérés à l’affut du moindre signe de faiblesse de sa part.

Une aiguille de pin se détacha d’un arbre et alla se poser sur le jardin zen que le moine entretenait quotidiennement. Le sentant, il ouvrit un œil et, sans bruit, se leva et alla délicatement enlever l’aiguille du sable méticuleusement ratissé.

Les trois démons se regardèrent avec une lueur de triomphe dans les yeux. Ils allèrent aussitôt piétiner le jardin, faisant voler le sable en tous sens et bousculant l’ordonnancement des pierres.

Instantanément, le moins perdit son calme légendaire et entra dans une colère noire.




Si sages et maîtres de nous-mêmes soyons-nous (ou croyons-nous être !) , nous restons humains. Ce n’est pas une défaillance de notre part, cela fait partie de notre nature de réagir avec force à ce qui nous paraît menacer notre équilibre ou notre intégrité. Apprendre à connaître ce à quoi nous réagissons et reconnaître dans le corps, les émotions et les pensées la montée de cette réaction fait partie de la pratique. Ce n’est pas si simple et prend du temps, mais c’est possible et c'est important pour réduire les effets délétères du stress. Régularité dans la pratique, patience et curiosité quant à nos stresseurs et leurs effets sont la clé de ce travail sur nous-même. Comme un fruit qui mûrit, les bénéfices arriveront en leur temps.


Nous verrons dans un prochain post une pratique informelle pour nous aider à accueillir et accepter la colère sans pour autant la laisser nous consumer.

Et vous, quelles sont vos épines de pin?

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